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  • Aline

La Souffrance


Parce que nous avons tous quelque chose à partager, j'ai choisi aujourd'hui de publier le texte qu'Aline a eu la délicatesse de me transmettre....

Elle relate parfaitement bien je trouve, l'un des parcours les plus douloureux que certains peuvent vivre.

Ma souffrance à moi.

Elle m’a amené au plus profond de moi, à mon noyau, à l’Essentiel.

Elle m’a minutieusement enlevé toutes mes carapaces.

Patiemment, ma souffrance m’a fait comprendre de ne plus m’attacher aux détails.

J’ai vu mon mari, se battre jour à après jour.

J’ai vu son corps, opération après opération, se dégrader.

A ne plus le reconnaître parfois.

C’est horrible de voir ceux qu’on aime, souffrir physiquement et surtout moralement.

L’angoisse, tout le temps, constamment, d’heure en heure, de minute en minute D’être à côté et de ne rien pouvoir faire ou si peu.

Je le massais avec mes huiles essentielles, ça lui faisait du bien et à moi aussi.

Je lui tenais la main sans rien dire, il fermait les yeux ou fixait le plafond De temps en temps il me regardait, on ne se disait rien. Tout passait par les yeux.

Il était devenu tétraplégique à cause de ses opérations, parce que son corps étant en danger de mort avait « mangé » tous ses muscles pour puiser toute l’énergie qu’il avait « sous la main » pour rester en vie.

Ma souffrance m’a permis de laisser tomber tous les sentiments qui ne servent à rien.

Il y a plein de choses qui prenaient de la place dans ma vie et maintenant je m’en fou !

J’ai vu la transformation qu’avait provoquée la souffrance sur mon mari.

Lui aussi, la souffrance a fait fondre sa carapace.

Les 15 derniers jours de sa vie, il ne voulait voir que moi.

On a passé des moments « magiques » ou toutes les rancœurs, les engueulades, qu’il y a eu dans notre couple (30 ans de mariage, c’est pas toujours tout rose) avaient disparues.

La souffrance nous a permis d’aller au plus profond de nous, de nous raboter pour ne laisser que ce qu’il y a de plus beau, l’amour qu’on avait l’un pour l’autre.

Il me faisait des sourires que je ne lui avais jamais vus, d’une telle douceur, d’une telle tendresse, qu’ils resteront à jamais gravés dans ma mémoire.

Il y a eu cette énième opération que mon mari a refusée. Après on m’a demandé mon avis pour arrêter les traitements ou continuer.

Heureusement qu’on avait parlé de notre fin de vie à tous les deux, car quand j’ai pris la décision de tout arrêter je savais que j’allais faire mourir Alain et il faut vivre avec ça après.

Et quand la mort a fini de jouer avec nous, qu’elle nous a donné le coup de grâce, la souffrance m’avait tellement érodée que je n’ai eu ni colère, ni haine, ni culpabilité. Pour mon mari on voyait sur son visage le soulagement. C’est fini.

Pour moi ma souffrance est revenue au galop, après, quand j’ai réalisé que c’était bel et bien fini, mais une souffrance profonde, un tsunami, qui circule dans tout le corps, dans chaque parcelle de peau. Si intense que je pensais que j’allais mourir moi aussi. Et puis, je me rends compte avec stupeur que je continue d’avancer.

Par contre, toujours aucune colère, aucune haine, aucune culpabilité.

Ma souffrance m’a fait accepter, accepter aussi parce que j’ai toujours cru à la vie après la vie.

J’ai fait la rencontre, par internet, de David et j’ai eu une consultation avec lui et mon mari. De savoir que mon mari est en paix, qu’il va bien, qu’il a des projets de l’autre côté. Ça me fait un bien fou. Ça me permet moi aussi de faire des projets. En plus la consultation on peut la réécouter, dans les moments douloureux, ça réchauffe son cœur et son âme.

Le seul hic, c’est que j’aimerais lui « téléphoner » pour savoir comment avance ses projets, s’il a revu telle ou telle personne, s’il est à nouveau avec notre « toutou d’amour », etc. Mais je sais qu’il doit faire son deuil lui aussi et que si je vais bien lui aussi va bien et inversement.

Ma souffrance, mon deuil, m’ont épuré de beaucoup de sentiments inutiles. Ma vision est moins encombrée par des menus détails.

Ma souffrance me fait aller à l’Essentiel, l’Amour. Le dire et le montrer par des actes à mes proches, mes connaissances et aux futures personnes que la vie va me faire rencontrer.


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